
VOTEZ !

Bon, dans tout les cas, la maladresse est vite corrigée par les officiants qui nous redirige vers la table de décharge.Ici pas de jeu de mots douteux de ma part. Mon mauvais esprit n’est ici aucunement responsable ! C’est pas moi qui le dit c’est le code électoral . C’est bien le nom officiel ; table ou se trouve les bulletins des candidats. Ah oui !j’oubliais, l’inscrit/citoyen une fois dans le bureau est soumis à un code. Après celui du travail ou du non travail, en semaine, celui de la route, de la consommation etc… Les dimanches de vote ont aussi sous le coup d’un code. Cela commence a ressembler a un dimanche après midi …de chien !
Bon revenons à notre table de décharge des candidats. Là comme pour des ablutions, nos mains saisissent le portrait des postulants, sorte d’apôtres de la démocratie, ainsi qu’une enveloppe... Un peu d’attention car nous rentrons, ici, petit à petit dans le dur du processus, où semble se greffer aussi une pratique épistolaire. Pour beaucoup d’entre nous, avouons le, nous découvrons à cette occasion, sur cette table, les visages mais aussi l’ampleur des messages messianiques, apocalyptiques ou soporifiques, selon. Au bout de ce chemin de choix, nous rejoignons le confessionnal, qu’ils appellent l’isoloir (Le citoyen isolé vous vous rappelez).
Etrange lieu, quadrilatère de simple toile qui nous sépare de nos voisins, où se trouve une tablette, une poubelle.... Nous ne pouvons qu’apercevoir les pieds de nos voisins. Cela nous influencera t-il, dans le dilemme qui nous assaille ? Pour certains, la certitude est au rendez-vous, puisqu’ils n’ont pris qu’une seule proposition, celle de leur champion. D’autres doute, d’autres ont la révélation, d’autres tracent de mystérieux signes, d’autres fouillent la poubelle. De toute façon, tous, respecterons la consigne, refermer l’enveloppe. Une chose est sûr, nous ne sortirons pas de cet endroit, comme nous y sommes entrés. Une incorporation s’est réalisée. Nous nous sommes crû seul ....et il y avait quelqu’un.En cet instant nous sommes intensément avec lui ou avec notre choix. Selon l’heure de notre présence dans le bureau, nous ne sommes pas seul, non plus, à être chargé d’un tel poids, à être porteur d’une telle missive, puisque nous nous trouvons, les uns derrière les autres, en fil indienne, avançant solennellement et inexorablement vers l’autel, alors que les assesseurs psalmodient des mots, toujours les mêmes depuis des heures (Ils ont, quand même, un peu fumé )
Tout en m’avançant je cherche du regard Amerigo Ormea. Ne serait -il pas entrain de nous observer nous aussi ? Ne serions nous pas à Cottolengo ? À ce stade, si nous avons un doute, sur le contenu de la lettre, il est rare que nous rebroussions chemin.Sortir de la file à toujours un coût ! Le contrôle social veille. Puis quand vient notre tour, nous échangeons des paroles magiques, qui permettent de bien savoir que nous sommes bien celui que nous sommes et ceci aux oreilles de tous. Nous qui pensions être ici incognito. Puis nous devons apposer notre sceau entre des lignes, dans un tableau, qui à ce moment même, nous rappelle notre appartenance à la multitude. Nous ne sommes définitivement pas seul… Le moment de vérité est devant nous, sous la forme d’un cube transparent, que surplombe un mécanisme et une fente. Tout au dessus se tient le Président de cette cérémonie.(Non ! Ce n’est pas Macron, suivez un peu, nom de dieu!). Il est impassible, docte. Hiératique, le gardien nous fixe intensément, nous indiquant clairement que nous ne pourrons pas emporter cet objet chez nous, pour lire tous les courriers contenus
Dans ce petit jeu, le : Je, Nous... flexion de la main. Ouverture des doigts. Aussitôt notre obole tel le papillon se dépose sur le tas d’enveloppe au fond de la boite. Nous avons, ainsi, rejoint la masse. “A voté“ s’exclame le président. Clap de fin, votus interromptus. Expulsion du bureau vote. Notre présence insistante dans ce lieu, deviendrait rapidement suspecte aux yeux des assesseurs futurs scrutateurs du soir.
Nous venons de nous prononcer pour un des candidat-es ou pour un bulletin blanc (1) ou un bulletin nul.
Venons nous de participer de la geste démocratique ? ….De l’acte électoral indéniablement.
Dehors, un doute circonstancié nous envahit : avons nous bien voté ?
Nous venons certes de rejoindre une multitude, une masse de votants. Mais est-elle agissante?
Un doute existentiel nous taquine sans cesse, cela va t-il changer quoique ce soit pour les classes populaires, les classes moyennes ?
Les “abs-tineo“ eux répondent de plus en plus massivement NON, à cette question.

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