La police a tué 1000 personnes depuis 1961

“ Faut-il qu'il y ait deux justices, l'une pour les policiers et l'autre pour les non policiers ? " Dans “ Les assassins de l’ordre“ film de Marcel Carné en 1971. Alors qu’aucune mobilisation de masse en France n’a depuis des décennies dénoncée, les violences policières et les meurtres et assassinats par la police française qui concernent essentiellement les étrangers et ou les français vivant dans les quartiers populaire et majoritairement issu de l’immigration maghrébine et africaine, une vraie vague d’indignation, de mobilisation médiatique, sur les réseaux sociaux et dans la rue, semble advenir dans le monde et en France, suite à la mort de George Flyod au Etats-Unis. En France, les comités Justice pour Adama Traoré et autres groupes de même nature, en sont les principaux protagonistes. Avec comme question ces jours-ci la police française est-elle raciste ? Nous nous risquons à répondre à ces questions : Tout d’abord, nous partirons du principe de dissocier les individus employés; ici, policiers et policières et autres forces de l’ordre (Gendarmes, militaires) d’avec leur institution : Police, Gendarmerie, Armée, ce que l’on ne fait presque jamais. Dés lors on peut entrer dans un début de compréhension de ce qu’est une organisation, une institution. Nous nous appuyons ici sur le courant dit de “la sociologie clinique“, qui s’est développé, sous les auspices de Enriquez et Pages, comme étant une psychosociologie fortement influencée par l’inconscient . Eugène Enriquez (1) développant dés la fin des années 1950, une pensée de l’organisation comme un lieu où se fabrique un imaginaire :

“l’Imaginaire Leurrant “ l’Imaginaire moteur“ . L’Imaginaire Leurrant “ serait ce qui tend à substituer l’imaginaire de l’entreprise, de l’institution et ses représentations à celui de ses employés, les englobant ainsi, peu à peu, dans un fort sentiment corporatiste. Car ce que vende tout organisation et institution, à ses employés, c’est la garantie d’une puissance, d’une sécurité et au final d’une protection du haut de la force de son histoire, de sa continuité, de son pouvoir qui traverse, contrairement à la durée de vie des employées, des centaines d’années. Mais cet imaginaire leurrant ne s’arrête pas là puisqu’il (illusion ?) se propose de transmuter cette puissance, ce pouvoir de l’institution dans le corps même de la personne singulière et particulière de son salarié. Dans le cas du policier ceci n’est peut-être pas une illusion, puisqu’une grand part d’initiative ai laissé, tout particulièrement au brigadier et ou au commandant, sur le terrain afin de réagir avec son équipe à la solution adéquate face à une situation d’urgence donnée. Il pourra dés lors croire à sa toute puissance personnelle, puisque s’identifiant la toute puissance de l’organisation ici l’institution ; Police. Mais l’institution offre aussi à ses salariés un deuxième avantage : “l’Imaginaire Moteur “ serait la stimulation et l’encouragement de se rendre le plus acteur, le plus créatif possible dans son approche professionnelle. Il y a là, d’un point de vue du développement de l’individu au sein de l’organisation comme une promesse de potentialités et d’ouverture. On peut sans trop jouer les rabat-joie indiquer que la figure même de l’inspecteur Javert, ainsi que les trop nombreux suicides dans la police viennent ternir et obérer quelques peu cette dernière espérance. Nous établissons donc bien une séparation entre l’institution Police et les traits caractérisants tel ou tel policier. Il faudrait rajouter et surtout développer la notion qui est au coeur de ce questionnement, à savoir la question de l’Etat. Qu’est ce qu’un Etat ? Qu’elle est sa nature et ses caractéristiques qui font qu’au final des forces de l’ordre utilisent une violence légitime pour défendre les intérêts de cet Etat. Depuis trop longtemps cet Etat ne défend pas les intérêts du peuple et de la grande majorité de la population , mais des intérêts de la “classe propriétaire de la richesse“ . Développement que nous ne pourront pas faire ici.

On peut donc sans trop se tromper répondre à cette fameuse question : La police française est-elle raciste ? Nous répondons sans équivoque : OUI la police Française est raciste. On pourrait même rajouter pour que le propos soit encore plus claire que l’histoire de la police française démontre, malheureusement, a quel point, elle a été, et elle est raciste . OUI la police Française est raciste. Comment peut-on poser une telle affirmation ? Nous ne resterons pas, dans cette démonstration, qu’au niveau théorique, mais bien observant les pratiques et les techniques de la police française, ou comme le dit très bien M.Foucault ‘Faire l’histoire de la manière dont les choses font problèmes ». C’est bien en regardant les pratiques et les méthodes quotidiennes d’interception, d’interpellation mais aussi la longue liste macabre des morts sous les coups d'une violence politique et policière, que nous pouvons raisonnablement approcher la nature de cette “gouvernementalité“, c’est à dire la technique de “L’art de gouverner la conduite des hommes“, dont les pratiques policières en sont, entres autres un outil majeur. Ne pouvant bien évidemment pas dans un article, qui s’annonce déjà, assez long, l’étayer par tous les événements qui ont parcouru son histoire, nous prendrons seulement 3 moments historiques signifiants de la Police en France : 1-La Rafle du Veld’hiv Notons “l’excellence“ des services de police sous l’occupation qui en terme d’efficience et d’objectifs atteints, étaient au top du “management“ de l’époque. Une “place d’honneur“ doit être réservée à la brigade spéciale des renseignement généraux (BS), qui en 1921 avait déjà pour unique tâche, la chasse aux communistes et qui démantela nombre de réseaux de résistance à Paris (Groupe Manoukian) et en province. Un seul exemple suffit pour illustrer “la performance“ de la police parisienne : les 16 et 17 juillet 1942 à Paris, sans l’aide d’aucun soldat allemand (fait unique en Europe) 7000 gardiens de la paix et policiers en civils, sous les ordres de René Bousquet, ont raflé près de 15.000 juifs et leurs familles, les rassemblant au Vél d’hiv, avant de les acheminer, grâce à la “ performance d’entreprise” de la SNCF, dans les camps de la mort.

15 ans après l’épuration la triste histoire de la barbarie policière bégaye 2-Octobre 1961 et Charonne Il n’y aura donc rien d’étonnant de voir surgir, malgré l’épuration, le 17 octobre 1961 (incluant les jours précédents et suivants) à nouveau la barbarie politique et policière en plein Paris. Des centaines d’algériens furent massacrés à la mitrailleuse, abattu au pistolet comme des chiens et noyés dans la seine par la police parisienne sous les ordres du Général de Gaulle, de Debré et du Préfet Papon, qui avait échappé lui à l’épuration. Bilan (haut: prés de 300 morts). Trois mois plus tard (à Charonne) la Police parisienne remettait “le couvert“ : bilan neuf morts. 3-De la guerre d’Algérie aux quartiers populaires un continuum de pratiques violentes Pour encore mieux comprendre l’exceptionnelle culture violente de l’Etat français et de sa police, sur une certaine populations ( par rapport à l’Angleterre, l’Allemagne, les Pays Bas, la Belgique…) nous devons faire ici, un détour sur l’influence que les pratiques coloniales de la police ont pu avoir sur la police parisienne, la police nationale et spécifiquement dans les territoires d’assignation de logement des populations étrangères, immigrés et à leurs enfants dans les décennies qui ont suivies les luttes de libération des colonies françaises. Récemment un jeune d’origine maghrébine, a sauté dans la seine (Quai Moulin à l’Ile St Denis (93) pour fuir un contrôle de police, pendant le confinement, et dont les policiers ont pu dire devant lui, une fois repêché « il ne sait pas nager, un bicot comme ça, ça nage pas …Ha ! Ha ! ça coule , tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied » nous somme bien en France le 27 avril 2020. D’octobre 1961, en passant par les années 1970 et jusqu’à nos jours, de nombreux meurtre “d’arabes ou d’africains“ vont se perpétrer, dont beaucoup, par la police, de 1961-2017 ce serait près de 1000 personnes tuées par la police (2) . Ce fait social (Durkheim) est qualifié par certains universitaires “d’arabicide“. (3).

Dans la lignée de la pensée de Frantz Fanon, les associations, les mouvements sociaux et politiques, des banlieues populaires à forte concentration d’immigrés et d’enfants d’origine nord-africaine qui subissent depuis près de 50 ans, le prix du sang, dénoncent la “colonialité“ du pouvoir (4), qui ancrerait les pratiques policières directement dans le passé colonial de la France. La relégation et la ségrégation des populations étrangères et immigrées, dans des quartiers spécifiques, le traitement particulier et ciblée des enfants de ces générations (dont les plus vieux ont maintenant 60 ans), par un système politique et policier imposant un harcèlement et une domination quotidienne, ont amené certains chercheurs à parler de ces quartiers, de “rapport néo-coloniaux“ ou comme des enclaves “endocoloniale“ (Mathieu Rigouste). Si il existait déjà en 1930 une brigade nord-africaine, (BNA) en métropole, l’expérience de pratiques militaires et policières, appliqués massivement sur des population entières que ce soit au Maroc ou dans l’empire colonial d’Afrique subsaharienne entre les deux guerres, ou après la guerre (39-45) en Indochine, a été d’une part intégré mais surtout synthétisé et élevé au rang de doctrine pendant la guerre d’Algérie . Ce qui faisait dire à Michel Foucault ; « Il ne faut jamais oublier que la colonisation, avec ses techniques et ses armes politiques et juridiques, a bien sûr transporté des modèles européens sur d’autres continents, mais qu’elle a eu aussi de nombreux effets de retour sur les mécanismes de pouvoir en Occident, sur les appareils, institutions et techniques de pouvoir. Il y a eu toute une série de modèles coloniaux qui ont été rapportés en Occident, et qui a fait que l’Occident a pu pratiquer aussi sur lui-même quelque chose comme une colonisation, un colonialisme interne. » (5). C’est particulièrement vrai, lors de la bataille d’Alger. En effet l’ensemble de ces savoir-faire (actions psychologique, communication/propagande en direction des médias, renseignement/ infiltration, torture, bombes, assassinats) sera en partie déployé en métropole. Cette bataille va tester et expérimenter les techniques de contre-insurrection en direction de l’ensemble d’une population sur le continent. C’est le Colonel Roger Trinquier, suspecté de collaboration avec les japonais pendant la guerre, il deviendra quand même officier du SDECE en Indochine, puis adjoint du général Massu en Algérie, et il sera à ce poste, le théoricien de cette guerre en direction de la population arabe et musulmane, il nommera son opération ; “dispositif de protection urbaine“ (DPU) et son concept de “guerre subversive“ fera école dans le monde entier et particulièrement au USA, où la CIA l’emploiera d’abord au Vietnam, puis aussi le FBI pour lutter contre les leaders noirs américains qui se battaient pour les droits civiques. Le colonel Trinquier prendra part au coup d’Etat d’Alger du 13 mai 1958, restant jusqu’à sa mort “Algérie Française“ , ce qui ne l’empêchera pas de finir sa carrière à l’état major du commandement de la région de Nice. En France la brigade des agressions et violences (BAV) succédera au BNA, et sans être une police coloniale, elle interviendra principalement la nuit et va porter la terreur au sein des bidonvilles (au nombre de 89) et des familles de la région parisienne ( 14.000 personnes y vivaient). Les mêmes techniques mis en place dans la Casbah d’Alger, seront employées dans les bidonvilles en France. Ce cruel harcèlement psychologique sur une population indifférenciée, et vulnérable, cette véritable chasse, sera coordonnée avec les forces de police auxiliaires (FPA harkis de Paris). Ainsi, toujours selon le chercheur, Mathieu Rigouste; « …le bidonville, la BAV et le 17 octobre 1961 sont trois scènes fondatrices…elles ont été un condensé intensif des violences que la police faisait habituellement aux colonisés algériens. Ce fût un moment fondateur de la condition endocoloniale » (6) . Mathieu Rigouste cite dans son ouvrage (7) un nombre important de policier devenu officier et commissaire (Le Taillanter, Putzé, Le Mouel…) qui viennent des BAV et qui vont théoriser (Le Mouel) et porter le concept “d’anticriminalité“ dans les quartiers populaires et “arabes“.

L’application de cette politique se fera d’autant plus facilement que de 1969 à 1974 fut nommé comme premier préfet de Seine St Denis, Pierre Bolotte. Il fut chef adjoint au cabinet du préfet du Morbihan, sous Vichy, membre du cabinet civil du Maréchal de Lattre de Tassigny en Indochine, directeur de cabinet du Préfet d’Alger de 1956-1958. Il avait, à son palmarès, comme Préfet de Guadeloupe, d’avoir tire sur la foule en mai 1967, bilan officiel : 7 morts mais le chiffre serait plus près de 80 morts (87 selon la déclaration du secrétaire d’État aux DOM-TOM Georges Lemoine, en 1985). C’est Pierre Bolotte qui expérimentera la première Brigade anti-criminalité en 1971 en Seine St Denis. Devant les acquittements systématique des policiers, mis en cause dans les affaires, de 1950 à 1970 François Mauriac pouvait déjà écrire en 1954, dans le Figaro « Il y a beau temps que la torture est rétablie chez nous » et Aline Alquier, quelques années plus tard, dans le journal l’Humanité, écrivait « Les policiers peuvent retenir une leçon c’est que tout, désormais, leur est permis ». Ce que Casamayor ( alias Serge Fuster, juge d’instruction et président de chambre à la cour d'appel de Versailles.) traduisit toute sa vie par “Où sont les coupables ?“ (titre de son 1er livre en 1953 à propos de l’affaire Ben Barka).  Bernard Langlois auteur de “ Les dossiers noirs de la police française“ sera un des premiers a en compiler le dramatique recensement ce qui lui vaudra lui et son éditeur, Paul Flamand, directeur du Seuil, d’être l'objet de cinq plaintes de la part du ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin pour "diffamation envers la police“ qui aboutiront à cinq procès de 1971 à 1973.  Bernard Langlois, évoque d’ailleurs dans cet ouvrage l’affaire “Jean Pierre Thevenin,“ ce jeune de 24 ans qui est mort, “pendu“ dans sa cellule du commissariat même de Chambéry, dont faut-il le rappeler, le docteur Lathoud et le directeur du centre hospitalier, le docteur Dorster, refusèrent de délivrer le permis d’inhumer trouvant la mort trop suspect. Les policiers iront chercher un médecin de ville le docteur Gilbertas, ( qui sera maire de Chambéry) qui ne délivrera qu’un certificat, constant les nombreuses “zones confuses ecchymotique ». Les policiers furent obligés d’aller jusqu’à Albertville chercher un médecin légiste désigné par le juge d’instruction, qui conclut, lui, à une mort naturelle.

Rappelons pour mémoire qu’à Chambéry, le mercredi 3 juillet 2019, Mr Bey, est mort devant sa femme et ses enfants suite à la brutalité des policiers pour l’expulser de son logement. Michel Dantin, Maire de Chambéry jusqu’au 28 juin 2020, tout comme, le commissaire Moissinac de 1968, n’a eu aucun mot d'évocation pour cette mort, faisant montre d'aucune compassion ni de condoléances vis à vis de la famille dans l'espace public du conseil, lieu même de la démocratie communale et qui en ordonnant lors de cette même soirée, le 8 juillet 2019 l'évacuation du conseil municipal, où manifestaient plus de 100 personnes issus de collectif, Confédération du logement, CGT, DAL, NPA, FA, a considérablement envenimer la situation . A l'émotion nationale et locale face à de tels agissements (expulsion mortelle) Michel Dantin, maire de Chambéry et les policiers intervenants ce 8 juillet 2019 au conseil municipal, ont d'une part provoqué le chaos dans la salle du conseil, mais aussi rajouter la colère à la douleur et à l'injustice de cette mort, en ouvrant aucun espace de dialogue avec la population émue et indignée. Voir le reportage:

Enfin rappelons qu’en 1968 un préfet pouvait déclarer « Frapper un manifestant tombé à terre c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière » (lettre aux forces de police du 29 mai 1968 par Maurice Grimaud fut préfet de Savoie de 1957-1961) Passage curieusement supprimé dans la reproduction de la lettre qui a été faite, en mai 2018, dans la revue de la préfecture de police, “Liaisons“. Nous venons donc de voir, certes rapidement, mais de façon significative que 1942 à 2020, à travers 3 moments historiques incontestables, la police française a mené et mène, une action violente et meurtrière ciblée en direction de population religieuse ou éthnicisée bien particulière : Les juifs, les arabes, les noirs, les enfants issus de l’immigration maghrébine et africaine. Nous aurions tout aussi bien pu citer les populations Roms et Tziganes ainsi que les “gens du voyage“, qui de nationalité française sont victimes, eux aussi, d’un harcèlement et de violences policières particulières et spécifiques. Aujourd’hui il y a bien un continuum dans la volonté politique et dans ces pratiques policières (Sonorisation nocturne, vols stationnaire des hélicoptères au dessus des tours et barres d’immeubles, utilisation massive des drones, éclairage des façades, sirènes hurlantes pendant toute la nuit, fouille de l’ensemble des personnes d’un territoire donné, contrôle au faciès ) qui sont appliquées dans les quartiers populaires Ces dispositifs perdurent comme le souligne et le confirme, nombre de travaux de chercheurs spécialiste de la Police. Les populations issus des immigrations et vivants dans les quartiers populaires en France, subissent en plus d’une violence économique, sociale, médiatique, la mise en place d’un dispositif policier spécifique les concernant particulièrement et qui ne peut que favoriser et développer une violence policière de la part des équipes d’intervention, pratiques fortement influencées, comme on vient de le montrer par le savoir-faire hérité de l’ordre coloniale. Ce sont ces populations qui en payent le prix jusqu'au sang depuis bien trop longtemps. Depuis des décennies nous pouvons qu'être stupéfait, qu'un large spectre électorale (PS- Modem-Les Républicians) ne soit pas choqué que des enfants “ arabes et africains “ meurent par centaines, dans l'indifférence politique générale, c'est ce comportement qui permet à la police de ce croire tout permis. La continuité est grande entre cette attitude “de faire l'autruche“ en 2020 face à une population “arabo-africaine “ persécuté et la situation de 1942 où la grande majorité de la population a été indifférente et lâche face au sort réservé aux juifs. Au XXI siècle, en Europe, ce fonctionnement est regardé avec étonnement et sidération par les responsables des polices allemandes, britanniques ou des pays du nord de l’Europe.

Institué un nouvel ordre : Pour une police protectrice des intérêts du peuple : La solution ne viendra pas en remplaçant les techniques d’étranglement par des pistolet électrique ( proposition de Castaner), ni en supprimant le “pliage“ ou l'écrasement ventral, ni en se contentant de slogans comme comme “Tous le monde déteste la police“ ou “ Police partout justice nulle part“ ( Victor Hugo), mais bien d’une part, par la reconnaissance claire et net, par une majorité de français (Classes populaires et classes moyennes et de FI, EELV PS au Modem) de cette violence politique et policière exercée spécifiquement sur ces populations et aujourd’hui aussi sur les gilets jaunes (populations populaire et moyennes basses “blanches“) et contre tous mouvements contestants le pouvoir et par leur mobilisation réelle et massive pour que cela cesse. Nous avons ainsi perdu de vue (définitivement ?) l’idée Rousseauiste que c’est bien la souveraineté de la masse, de la multitude, du peuple ( et non pas une frange du corps électoral qui s'approche de plus en plus d'une minorité censitaire) qui agissant comme une force instituante, impose un “Impérium“ au sens spinoziste, qui serait “ ce droit que définit la puissance de la multitude“ comme l’indique Frédérique Lordon .(8) Cette dialectique entre force instituante et force instituée n’est malheureusement plus d’actualité depuis longtemps, hors elle est, me semble t-il une des clés conceptuelles pour réamorcer la compréhension de ces phénomènes institutionnels et particulièrement concernant l’Etat et donc sa police. «  Le réseau des rapports institués et instituants sert de matière premières à l’instauration et au fonctionnement des ces formes sociales que sont l’entreprise, le parti, la famille ou l’Etat » écrivait déjà en 1969, René Lourau dans “Instituant contre Institué“. (9) Dans ses travaux avec Georges Lapassade, reprenant la réflexion de Rousseau, dans le Contrat Social « Il faudrait que l’effet pût prévenir la cause ; que l’esprit social, qui doit être l’ouvrage de l’institution, présidât à l’institution même…qui ose entreprendre d’instituer un peuple » proposèrent le concept d’Analyse Institutionnelle. Ils montreront qu’il ne faut pas confondre l’institution ( La Police par exemple) avec l’ordre établit, mais que bien au contraire il faudrait désigner cet ordre sous l’appellation d’Institué, comme étant la chose établit, les normes déjà là, l’état de fait. Sans oublier sa cause c’est à dire les forces, mouvements, événements, sociaux et politiques qui agissent comme principe Instituant, comme fondateur d’un nouveau compromis et quelque fois instituant un nouvel ordre. « Comme le signe (Signifié/signifiant) chez Saussure, le concept d’Institution a deux faces ; l’instituant et l’institué … L’institution est bien ce qui désigne le pouvoir de découper le temps et l’espace, de rendre des actes possibles, ou souhaitables, ou recommandables » De son côté s’appuyant sur La Boétie, Fredéric Lordon, précise avec talent que «  Nous vivons l’Etat comme une puissance séparée, extérieure et supérieure à nous, alors qu’en dernière analyse l’Etat (le principe de l’Etat)- lui n’est qu’un pouvoir. Il est le constitué et nous sommes le constituant » (10) Institué une Police au service des habitants, une police protectrice, non plus de "la classe propriétaires des richesses" une police du capital, mais une police du peuple . Il est maintenant temps pour la sauvegarde de la paix sociale et politique, que les officiers, les syndicalistes responsables, les “gardiens de la paix“, sortent de leurs silence de leur déni absolu dans lequel ils sont, afin de méditer en conscience sur le mot du Préfet de Paris Maurice Grimaud dans sa lettre qui l’adresse aux policiers en mai 68, et que nous avons déjà cité: «Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même». Faut-il préciser que le mot Police ne peut-être : un mot sale, puisqu'il est étymologiquement, lié à Politique; c'est à dire à l'organisation même de la vie de la Cité. Une société sans police n’existe pas et est une utopie ….barbare, car niant à son tour les processus inévitables et les fonctions d’intercessions de médiations des intérêts et des différences privées, des individus, des groupes. Inévitablement quand le collectif fait interposition, alors il y a Police. F.Lordon nous invite très judicieusement, à réfléchir au concept de Police en lui donnant cette définition «  Tout dispositif institutionnel d’accommodation des différends internes à un collectif » (10) faisant la distinction entre interposition verticale (Etat /Citoyens ) et interposition horizontale (citoyens/citoyens). Il est peu de dire, qu’aujourd’hui le problème posé n’est pas loin d’être indémêlable, compte tenu que les forces politiques et leur administrations d’ordres (Police /Justice) exercent leur puissance d’interposition d’une façon « systématiquement distordues“. En 2020, la situation est relativement claire, et les violences policières ne sont que le symptôme, d'un durcisement et d'une radicalité du pouvoir politique, face aux révoltes et manifestations populaires, et qui est largement complaisant et tolérant, vis à vis de la montée indéniable d'une fascisation d'une partie des force de l'ordre. Ne doutons pas qu’un nombre important de policiers et policières souscriraient à ce projet politique. En somme un projet idéologique et politique nouveau, pour une nouvelle police, respectueuse de la personne humaine…on peut toujours rêver ! Pour l’instant nous n'entendons que “ le grondement de la bataille“ et qu'il faudra déjà gagner : STOP aux VIOLENCES POLICIÈRES

NOTES (1) Eugene Enriquez De la horde à l'Etat" (1983), "Les figures du maître" (1991) et "L'organisation en analyse" (1992). (2) Il est impossible de s'arrêter à un chiffre précis, compte tenu de l'absence de volonté de recensement de la part des pouvoirs politiques et des différentes sources indépendantes, il faut considérer ce chiffre comme un ordre de grandeur .Nous avons construit ce chiffre sur la base du chiffre des morts d’octobre 1961 : 300 personnes tuées (version haute) et celle du chiffre de Nicolas Bourgoin depuis 1977 (démographe, docteur de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et enseignant-chercheur et spécialiste des questions de police et de prison,): 600 personnes tuées. Manque la période de 1961- 1976, nous avons appliqués une moyenne (basse ) de 6 morts/ an (source : la gendarme rit) ce qui ferait 90 morts pour cette période. Nous arrivons donc à un chiffre d'a peu près 1000 morts ce qui constitue avant tout un ordre grandeur, qui se rapprocherait le plus de la réalité. En 2017 l’IGPN, (l’inspection générale de la police nationale) a communiqué le bilan des tués et blessés lors d'opérations de police. Une grande première ! En 2018 il n’aurait pas renouvelé l’expérience. Bilan 14 morts et une centaine de blessés avec plus de huit jours d’incapacité de travail. Le décompte pour la gendarmerie et les polices municipales ne sont pas pris en compte . Pour le site de presse en ligne Bastamag 2017 a vu la mort de 18 personnes tuées par balles par la police et/ou la gendarmerie, 15 morts suites à des poursuites, 1 par Flasball Selon le site de presse en ligne Street Press comme l’ONG chrétienne ACAT, qui ne comptent pas les morts causés par les poursuites policières, totalisent quant à eux 47 personnes tuées de 2007-2017 . Aucun fonctionnaire ne fera de prison. Site : https://www.streetpress.com/sujet/1495554039-morts-victimes-police. Le Collectif vies volées estime qu’une personne est tuée en moyenne tous les vingt jours, donc environ 18 personnes par an. Tout comme l’ACAT elle promeut la campagne « Laisser nous respirer ! » campagne pour l’interdiction des techniques d’immobilisation mortelles. Le site http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/ recense les morts et les blessés de 2005 à 2015, liste non exhaustive. L’historien Maurice Rajsfus et son Observatoire des libertés publiques : entre 1994 et 2014, l’observatoire a publié un bulletin mensuel sur « les nombreux méfaits d’une police trop souvent hors la loi ». http://quefaitlapolice.samizdat.net/ Selon le site http://lagendarmerit.free.fr/ de 1972-2012 ce serait 227 personnes morts d’origine maghrébine ou africaines, qui seraient mortes sous les coups de la police. (3) Mathieu Rigouste “ La Domination policières; une violence industrielle “ La Fabrique 2012 (4) Aníbal Quijano Obregón  (1928-2018) sociologue et théoricien politique péruvien. il développa le concept de colonialité du pouvoir. « Race » et colonialité du pouvoir Mouvements 2007/3 (n° 51), (5) “Il faut défendre la société“ Michel Foucault, Cours collège de France du 4 février 1976 (6) “la ségrégation endocoloniale“ dans “la domination policière“ Mathieu Rigouste. La Fabrique 2012 (7) Mathieu Rigouste “ La Domination policières; une violence industrielle “ La Fabrique 2012 (8) Frédéric Lordon, Impérium. Structures et affects des corps politiques. La Fabrique, 2015 (9) René Lourau L’analyse institutionnelle. Editions de Minuit 1970 (1) F.Lordon. Vivre sans ? La Fabrique septembre 2019

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