“L'islamo-gauchisme“ pour les nuls

Pour commencer une pensée émue pour le fondateur de l'islamo-gauchisme contemporain (le vrai !) "La question de l'islam comme force politique est une question essentielle pour notre époque et pour plusieurs années à venir. La première condition pour en traiter avec un minimum d'intelligence, c'est de ne pas commencer par y mettre de la haine" (Michel Foucault) Pourquoi les études qualifiées de “racialistes” - investissant le champ des discriminations dont ont souffert les peuples colonisés et dont continuent de souffrir leurs descendants - occupent elles plus de place que par le passé? Tout simplement parce que les descendants des colonisés ont fini par acquérir les ressources intellectuelles, sociales et politiques leur permettant de faire ce dont leurs pères ont été si durablement privés : participer à l’écriture de leur histoire et réclamer les droits qui leur ont été si longtemps déniés. Ces demandes, notamment lorsqu'elles émanent de populations de culture musulmane, s’expriment parfois avec le lexique - islamique - de la culture marginalisée par l’hégémonie de la culture occidentale. Elles s'expriment également, notamment (mais pas seulement) lorsqu'elles émanent de populations subsahéliennes non musulmanes, sans recourir à cette ressource spécifique. Dans les deux cas, la réaction dominante de la rive occidentale du monde est la même face aux “islamistes” ou aux “racialistes” : celle du déni, du discrédit et du mépris, voire de la criminalisation. Ainsi Marine Le Pen (et ses nombreux admirateurs de gauche comme de droite) peut-elle impunément accuser ceux qu’elle qualifie de “racialistes” de vouloir “élever des barrières raciales au sein de la société” alors même que leur démarche est très exactement à l’extrême opposé de cette dérive là. "Ces revendications et ces questionnements se trouvent être relayées ou seulement respectées par une large majorité des acteurs du champ académique (CNRS et Universités). Dans ce contexte, une frange de ce corps académique, extrêmement minoritaire mais disposant du soutien massif de la classe politique et des médias d’extrême droite, soit de 85 % du PAF et de la classe politique, a tenté de s’abstraire des procédures traditionnelles du débat académique c'est à dire de ces procédures internes et paritaires qui se prévalent d’être autant que possibles imperméables aux fluctuations politiciennes du gouvernement ».

Merci à François Burgat, de nous avoir permis de publier un extrait de son article à paraître prochainement sur Middle East Eye. François Burgat, est un islamologue et politologue français. Directeur émérite de recherche au CNRS depuis 2016, et chercheur à l'Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), il consacre l’essentiel de ses travaux à l’étude des dynamiques politiques et des courants islamistes dans le monde arabe. Il a été a plusieurs fois auditionné devant les commissions de la représentation nationale.

Commentaires