Pour qu'il existe un vrai débat de société entre les deux tours, un seul vote possible : J.L Mélenchon.

Disons le dès le début, cet article n’est pas un article de croyance en l’élection présidentielle. Ces élections depuis des décennies sont un spectacle affligeant, une farce démocratique. (Je ne développerais pas plus cet aspect maintenant très documenté (1). Soulignons toutefois que si l’élection du président de la République au suffrage universel direct est une modalité simple,  elle correspond néanmoins parfaitement à nos besoins ataviques d’assister à l’affrontement de champions dans des arènes ou autre duel judiciaire. Nous pouvons constater ici, tout comme dans le monde entier, que ce dispositif ne fait qu’exacerber la croyance en l’homme providentiel : le sauveur que le peuple attendrait.   La personnalisation excessive de ce personnage (physique, psychique, mentale etc..), la généralisation des enjeux et l’abstraction des thèmes ne permettent pas d’évoquer les conditions de vie quotidienne des citoyens. Cette dynamique accentue aussi l’affaiblissement des forces associatives et sociales,  les réduisant à une condition infantile : écouter béatement dans les nouvelles « églises » (les médias dominants) leurs « parents » (les partis politiques) en vue de la sanctification du nouveau totem (Le Président) …jusqu’à sa chute prochaine (Bashing). L’organisation méticuleuse de la confusion politique, sociale et culturelle par les forces (Finances, patronats, partis politiques, médias) de la société capitaliste néolibérale, est bien à l’œuvre ici. Dans ces conditions on comprend tout à fait que 33% (abstention, blancs et nuls en 2017) ne participe pas de ce cirque. Mais puisque ce dispositif électoral est encastré (imposé) dans nos réalités vécues, nous ne pouvons qu’en tenir compte (subir) et comme le disait Beckett dans  “Fin de Partie“ « puisque ça se joue comme ça …jouons ça comme ça et n’en parlons plus ».

C’est bien les circonstances que nous vivons à 6 jours du 1er tour, et aussi le fait qu’un candidat incohérent et irresponsable, Fabien Roussel puisse dire, toute en maintenant sa candidature « je ne laisserai jamais l'extrême droite mettre la main sur la République » et appellera donc au deuxième tour à voter Macron, qui me fait commettre cet article. Le 10 avril 2022 près de 48,7 millions d’électeurs seront convoqués pour désigner les deux candidats en lice pour la présidence suprême du 24 avril 2022. Hors quel est l’état des lieux aujourd'hui ? Quel est le « jeu » possible dans ce système électoral ? D’après l’ensemble des sondages, un candidat, président sortant (E. Macron) se détache manifestement (cet article ne s’adresse donc pas à son électorat), suivi de deux autres candidats : M. Le Pen et J.L Mélenchon, qui ont creusé objectivement un écart avec les 9 autres candidats. Ces prévisions, qu’on le veuille ou non, imposent un choix. Ainsi pour tout démocrate et encore plus pour les électeurs de la gauche traditionnelle et de la gauche de transformation il s’agit de désigner le candidat qui sera face à E.Macron au second tour. C’est-à-dire :  - soit une candidate d’extrême droite : M.Le Pen  soit un candidat avec qui, ils partagent entre 50 et 80% des valeurs et des propositions : J.L Mélenchon. Seule cette configuration, mettrait face à face deux projets idéologiques totalement différents et incompatibles. En 20 ans sur les 4 dernières élections présidentielles, nous avons eu par 2 fois le “choix“ entre la droite et l’extrême droite On continue comme ça …ou on réagit ? Cet argumentaire s’adresse à électorat, sympathisants de la “Gauche“ et aux abstentionnistes et non pas aux candidats jusqu’au-boutistes que sont les Hidalgo-Jadot, Roussel… et à leur petite coterie, carré de grognards sectaires ou staliniens (futurs candidats aux législatifs ne l’oublions pas !) En effet nous avons déjà vécu cette situation en 2017, où le “grand homme politique “ B. Hamon (qui a disparu de l’arène aussitôt…c’est dire l’intérêt qu’il portait aux soucis et problèmes des citoyens) a préféré se maintenir pour empêcher déjà J.L Mélenchon d’accéder au second tour. La politique et le positionnement du Parti socialiste, était déjà clairement affiché : Mieux vaut E. Macron ou Marine Le Pen, qu’une configuration enfin nouvelle et progressiste dans le paysage politique de notre pays, qui autoriserait un vrai choix idéologique et politique.

Rendons nous bien compte du niveau intellectuel et politique où nous en sommes arrivés !  Il ne s’agit même pas d’espérer en un nouveau fonctionnement de société. Non ! Il s’agit juste d’avoir l’espoir que nous puissions débattre politiquement (2ème tour) avec une audience nationale, de deux projets de société. (2) C’est bien cette possibilité qui nous est refusée par ce système dont nous participons amplement (divisions). La perversité de la société néo-libérale est ici à son comble ! Confirmant que nous sommes donc bien dans une société très très malade. Nous ne reviendrons pas sur le passé de ce candidat (PS et Mitterrandolâtre) ni sur le fait que J.L.Mélenchon ait très mal traité le PCF et EELV après 2017, qu’il ait choisi une mauvaise stratégie en s’isolant ou encore sa position indéfendable en Syrie, positions qui ne peuvent qu’être contestable et critiquable, de même que certains aspects de sa personnalité ou de son programme. Soit ! Il faudra toutefois que ces électorats, nous explique pourquoi cela a été possible de voter pour lui en 2017 et que cela est devenu une horreur en 2022. Face à la répression inouïe des mouvements sociaux (Gilets Jaunes), face à la restriction sans précédents des libertés, à la suspension de pans entier de la démocratie, à la destruction de la santé publique, à la régression accélérée des politiques sociales, à la non prise en compte de l’urgence climatique, que nous venons de vivre depuis 5 ans et de son renforcement annoncée pour les 5 années à venir, ne pas faire ce choix serait un signe d’irresponsabilité, d’incapacité à dépasser les petites querelles mesquines et émotionnelles, preuve d’une immaturité politique et d’une désespérance totale pour demain. Seule cette configuration pourrait nous faire assister au deuxième tour à un vrai débat de société. Pour tous ceux qui ne l’ont pas compris, précisons que ce raisonnement, s’appliquerait pour ma part, tout aussi bien, pour le candidat Jadot ou Roussel s’ils étaient devant des candidats “de gauche“ à 16% ou plus dans les sondages. Ce n’est donc pas une préférence, ni un choix en un président « suprême" qui m’anime ici, mais bien une préférence tactique et logique pour qu’un débat démocratique entre deux projets de société, puisse réellement exister et s’exposer, ce qui est une des conditions de sa réalisation future. Il est encore temps de le comprendre !

Rompons avec cette logique défaitiste, et mobilisons nous, en bas des immeubles, dans les bureaux, les boutiques, les usines, les universités et dans la rue pour défendre nos droits et en conquérir de nouveaux. À Chambéry l’exemple nous est donné par les nombreux collectifs d’habitants qui se battent contre une politique municipale néo-libérale du logement, ainsi que les collectifs pour la préservation des arbres et contre la bétonnisation à outrance et où les militants, par exemple, de Monsieur Jadot (EELV) sont totalement absent et approuve même ces actions de destruction. C’est dire l’écart existant entre les discours de campagne et la réalité locale. Seule cette dynamique nous permettra ensemble de ré-enchanter la POLITIQUE pour faire avancer la justice, l’égalité dans les droits sociaux et dans les droits politiques de notre pays. L’urgence d’une révolution fiscale, l’urgence sociale, l’urgence climatique, l’urgence anti capitaliste, nous commande un sursaut politique : dimanche 10 avril 2022, sans état d’âme, mon vote * ira à J.L Mélenchon Alors après le 24 avril soyons massivement dans la rue pour s’opposer à la mise en place de cette société de plus en plus injuste, autoritaire, policière et fascisante. * Cet article exprime ma position personnelle comme éditorialiste et non celle de la Tvnet Citoyenne comme association. Notes (1) Le Coup d’Etat permanent F.Mitterrand 1964 Le Coup d’Etat simplifié Nicolas Dupont Aignan 2008 Abus de Pouvoir François Bayrou 2009 (2) ( Quelques mesures du programme de J.L. Mélenchon qui nous paraissent incompatible avec celui de Macron ; VI ème République, retraite à 60 ans, 32 h/hebdo pour métiers pénibles, SMIC à 1400€ net, allocation autonomie jeunes de 1063 €, Revenir sur les privatisations (aéroports, autoroutes, Française des Jeux, etc…, Séparer les banques d’affaires et de détail, Rétablir et renforcer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), incluant un volet climatique visant à taxer les gros pollueurs, Faire de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales une priorité : tous les moyens humains et financiers nécessaires doivent être débloqués et la France prendra des décisions unilatérales en cas de blocage des négociations européennes ou internationales, Interdire les licenciements boursiers et économiques par les entreprises qui versent des dividendes ou bénéficient des aides de l’État, 6 ème semaine de congés payés, Instauration du RIC, Loi anti-concentration des médias, 200 milliards pour la transformation énergétique etc…)

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