Un effondrement de la montagne, évalué aujourd’hui autour de 15.000m3 s’est produit le 27 août 2023 en vallée de la Maurienne au niveau de la commune de Saint-André, à la Praz, à 5 kilomètres de Modane. Aucune victime, heureusement, n’a été déploré. Ce pan de falaise de grès houiller (propriété de la commune de Le Freney ) a endommagé 3 voies de circulation se trouvant en dessous: La ligne ferroviaire Chambéry-Turin, la RD 1006, et l’A43, qui si les voies de cette dernière non pas été impactées, des rochers tombant dans la rivière l’Arc ont atterris au pied des piliers de l’autoroute. Des études sont en cours pour examiner et protéger ces piliers. Aujourd’hui près de 15 jours après l’accident ces trois voies ont été entièrement fermés à la circulation, (L’autoroute a réouvert Samedi 9 septembre ) coupant Modane et les villages de la haute Maurienne du reste de la vallée. (Une déviation a été mis en place) . La fermeture provisoire des voies de circulation relance à la fois les débats sur les infrastructures mais aussi les effets du dérèglement climatique et ses conséquences sur les massifs rocheux dans nos départements (Eboulements du Granier en 2016, 2017, 2023)

Les experts estiment qu’entre 3000 et 5000 m3 de roches sont encore en situation instable sur cette falaise. Nous allons dans cet article nous concentrer en amont de cet effondrement et poser quelques questions au vu des différentes données, déclarations et réactions des acteurs et personnalités. Très vite, et d’une façon surprenante, la Transalpine, en charge du Lyon Turin dégainait un communiqué assez démagogique indiquant « Avec le Lyon-Turin, les circulations ferroviaires n’auraient pas été interrompues » Son président Jacques Gounon continuait en affirmant que « cet épisode illustre les grandes problématiques du transport transalpin. D’un côté, le poids colossal du mode routier qui représente 92% des marchandises échangées. De l’autre, le manque de fiabilité et de performance d’une infrastructure ferroviaire datant de Napoléon III. Les professionnels du rail sont unanimes : le Lyon-Turin est la seule solution technique crédible pour rééquilibrer ce rapport. » De son côté la coordination des opposants au Lyon Turin publiait un communiqué de presse indiquant « Aujourd’hui les promoteurs du Lyon-Turin osent écrire sur les réseaux sociaux qu’avec leur projet, les circulations seraient sécurisées ! Ils démontrent que la sûreté des déplacements des habitants de la Maurienne ne sont pas leur préoccupation puisque ce projet de tunnel n’apporte rien à celles et ceux qui circulent sur la route ou sur le réseau ferré de la haute Maurienne ou Modane à Saint Jean de Maurienne. »

Pour tous ceux et celles qui semblent perdu et pensent que ces évocations ne sont que polémiques inutiles et surtout hors sujet, nous allons essayer d’ éclairer un peu plus les enjeux Premièrement les risques étaient connus, les éboulements prévisibles Comme le dit très bien Jacques Gounon président de la Transalpine « Cela fait des années que le Comité pour la Transalpine évoque ces risques parmi les multiples arguments plaidant pour une réalisation rapide du Lyon-Turin. » Ce que le capitaine Desprès de la brigade de gendarmerie de Saint-Jean-de-Maurienne, intervenant sur l’éboulement confirmait indiquant dans le Dauphine Libéré, que le phénomène « était attendu », par la Maison technique du département, en charge du suivi du réseau routier. Ou encore les maires des communes concernés comme Christian Chiale ou Roland Avenière, maire de Le Freney, qui n’était nullement surpris car cet éboulement était prévisible selon lui. En effet cette partie de la falaise était particulièrement connu puisque depuis bientôt un siècle ( 1931, 1952, 1972) des éboulements on eut lieu atteignant jusqu’à l’usine Péchiney. En février 1975 un document du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) recommandait comme mesure les seuls efficaces « la prévention la meilleure serait la construction d’une galerie ou d’une casquette ou bien le détournement de la voie ferrée sur l’autre rive » Des éboulement importants ont eu lieu en 2018 et 2019 qui ont nécessité des travaux de purges, de protection et de défense pour un montant de 5 millions €.

Rappelons que la RD 1006 était l’ancienne Nationale 6 que l’Etat a transféré au Conseil départemental de la Savoie en janvier 2023.(1) La question naturelle qui vient alors à l’esprit est qu’on fait les autorités nationales et locales depuis 2019 ? Daniel Ibanez, un des porte parole de la coordination des opposants au Lyon Turin, s’interroge sur le fait que les capteurs placés sur cette falaise indiquaient, selon le responsable d’exploitation des routes départementale de Haute Maurienne, des déplacements de roche de l’ordre de 1cm par jour, depuis quelques semaines. Ce qui ne semble pas avoir fait réagir les autorités (Conseil Départemental/ Préfecture) pour autant. Interrogé, la préfecture de la Savoie nous renvoie au Conseil Départementale et nous sommes toujours en attente de la réponse de la maison technique du conseil départemental . Julien Troccaz, secrétaire fédéral Sud Rail nous indique que le SAGE de l’Arve (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) avait alerté la direction de la SNCF quelques jours avant d’un risque d’éboulement. Des blocs de béton ont été déposé 2 semaines avant. Rappelons qu’à l’endroit où l’effondrement s’est produit, un tunnel existe qui se continu en galerie de protection. C’est cette dernière qui a reçu des tonnes de rochers « On ne sait à l’heure actuelle, si elle peut supporter le poids, sachant que la protection des équipes intervenantes ne peut être aujourd’hui garantie » continue Julien Troccaz, laissant présager une fermeture sur plusieurs mois de cette voie ferroviaire.

Hors la Sncf a une échéance qui est le 4 octobre 2023 date d’ouverture pour la prise des billets Sncf pour les fêtes de fin d’année et l’accès aux station de ski. Ainsi la saison d’hiver en haute Maurienne semble d’autant plus compromise que comme nous l’a déjà dit Julien Troccaz, dans plusieurs de nos reportages, à cause du Lyon -Turin, la direction de la SNCF a démonté un outil industriel important : la gare de triage de St jean de Maurienne, démantelant l’ensemble des voies de garage, qui auraient pu servir à la mise en attente de plusieurs TGV, cet hiver. Le syndicaliste est inquiet pour la vie quotidienne dans la vallée de la Maurienne, compte tenu de l’expérience en cours , par exemple, de la ligne POLT, (Paris Orléans, Limoges Toulouse) qui avec la mise en place de la ligne TGV Paris Bordeaux, a vu les investissements diminuer sur cette ligne historique, afin d’assurer un trafic normal. A l’image de la 1 ère visite du ministre des Transports, Clément Beaume qui s’est arrêté à St Jean de Maurienne et n’a pas daigné visiter les élus “sinistrés  “ de Modane et de la Haute Maurienne. Les travaux du Lyon-Turin nieraient et occulteraient les investissements absolument vitaux pour garantir les accès nécessaires aux déplacements quotidiens des habitants de cette partie de la Maurienne « les usages du quotidien et des habitants ils s’en foutent » conclut Julien Troccaz. Effectivement on ne voit pas bien en quoi l’ouverture de la Ligne TGV Lyon-Turin, faciliterait et protégerait les circulations aux quotidiens des habitants de cette partie de la vallée, et des touristes des stations.  . Y aura t-il les moyens demain pour assurer la sécurité de ces axes vitaux pour les habitants quand aujourd’hui même ces moyens financiers n’ont toujours pas été mobilisés. On peut légitiment s’interroger sur la pérennité des moyens nécessaires à l’entretien et à la protection de cette ligne ferroviaire historique, aux vu d’une part des déclarations de dirigeants de la transalpine, et d’autre part des moyens allouer en France dans ce genre de configuration (existence de 2 lignes)

De son côté Daniel Ibanez, note avec ironie que certains élus de la vallée de la Maurienne se sont mobilisés Jeudi 15 juin 2023 devant la gare de St Jean de Maurienne, pour soutenir en urgence le projet du Lyon-Turin, et s‘émouvoir du rassemblement des 17 et 18 Juin 2023 des opposants au Lyon Turin interdit sur les communes de Modane et alentours, sous prétexte que la sécurité de notre département voire de notre pays serait menacée par des écoterroristes, sans compter l’alerte massive des politiques et des médias sur le risque et le danger absolu d’un rassemblement sur la commune de La Chambre aux mêmes dates, alors que dans le même temps, ces mêmes élus, responsables politiques nationaux et médias mainstream , ne s’inquiétaient , nullement, que des indices concordants des capteurs installés sur la falaise indiquaient un risque majeur si ce n’est imminent pour les habitants de la vallée, la vie des habitants et l’économie de cette vallée . "Chacun ses priorités" conclut Daniel Ibanez qui ajoute que "le nouveau tunnel de base du Saint-Gothard en Suisse est fermé jusqu'en 2024 suite à un déraillement (2) cela relativise les déclarations des lobbyistes sur la garantie apportée par leur projet pour les transport de marchandises… » Ces informations ont été passé largement sous silence et ne semblent pas avoir été le souci premier de ces responsables locaux et nationaux. Xavier Lett , ancien conseiller générale du canton de Modane, a lancé une pétition afin que l’autoroute soit gratuite à sa réouverture. Enfin pour finir nos avons une pensée pour Thierry Repentin, acteur important de ce dossier puisqu’en tant que Président du conseil d’administration de la SFTRF, (nous attendons toujours qu’il communique le montant de son salaire) il a en charge et l’autoroute A43 et le tunnel du Fréjus, c’est à dire l’ensemble du trafic international entre la France et l’Italie via ce tronçon des Alpes, qui est actuellement totalement au ralenti. Quel est par exemple sa position sur la demande de gratuité de l’A43 sur ce tronçon ? Il est par ailleurs maire de Chambéry, Vice président de Grand Chambéry et cerise sur la gâteau il est aussi Président de l’agence de l’habitat qui pilote “ MaPrime Renov“ plus grand programme de rénovation énergétique du gouvernement, au budget de 3,5 milliards. ManPowerCumul Repentin ne risquerait-il pas le Burn Out ? Notes (1) En application des articles 38 et 40 de la loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale (2) https://www.rts.ch/info/suisse/14240220-le-tunnel-ferroviaire-du-gothard-finalement-ferme-pour-une-duree-indeterminee.html