Ste Appolinie la belle !

La lune se lève sur cette toute petite rue de Chambéry. Elle éclaire le four à pain, elle met en lumière Lulu, prostitué notoire. Elle qui harangue les jeunes hommes de sa voix suave : « Eh viens là mon poulet, viens rigoler un peu ! » ou encore d’une manière plus direct sans détours : « Une petite rigolade mon choux ! » Ses habits quoiqu’un peu râpés dénotent une certaine classe d’antan. Son décolleté plongeant à son succès auprès des hommes. Les bourgeoises elles le regarde avec dédain et révolte. Pour elle c’est un scandale elles se plaindront de cette présence hostile dans leur quartier. Heureusement leurs maris ne fréquentent pas ce genre de filles ! Leurs maris se sont « Les habitués du dimanches soir », dès que Madame est au lit ils filent au rendez-vous se retrouvent et ensemble tiennent compagnie à la Lulu, la Pauline et la Fanfan. Ils rentrent généralement à pas d’heure. Ils s’endorment dans des effluves de parfum bon marché et de fortes odeurs d’alcool. Le matin ils prétextent un mal de tête assommant et courent à leurs affaires. Mais depuis quelques temps, les bourgeoises grondent, Amédé VIII se voit donc dans l’obligation de trouver une solution. Celle-ci sera rapidement mise en place les filles de joie doivent déménager, se poser en dehors des remparts du côté de la route de l’Italie. Le Faubourg Montmélian se voit donc doter de filles faciles. Les trottoirs de ce lieu qui fourmille de voyageurs italiens accueille donc ces dames de peu de mœurs. Elles se fondent aisément dans le décor et rendent la vie joyeuse et légère aux italiens de passage. Grâce à eux, elles commencent à apprendre quelques mots en italien. C’est pour mieux amadouer il ragazzo. « Ciao bello, vienni vedere mei tesorini, guarda mei occhi ! Vuoi passare une bella notte d’amore con me, vieni, vieni ! » Les nombreuses tavernes de ce quartier créent une ambiance dès plus électrique ! Le vin de pays coule à flot, les chansons paillardes s’entendent jusqu’au premier étage des auberges. Tout le monde vit à moitié saoul tout le long de la journée. Mais ces soirs où des voyageurs racontent leurs aventures chacun pose son godet et écoute. Qu’ils sont doux ces moments-là ! Tous ont les yeux rivés sur le conteur, l’oreille tendu. Un silence se fait. Il viaggiatore commincia… le voyageur commence son récit. Il parle de la misère qui est dans sa famille. Il insiste sur la nécessité de son départ. Il décrit son passage à la porte des Alpes, les paysages, les animaux rencontrés. Il remercie bien bas les bergers quoiqu’un peu bourrus du Piémont qui ont été pour lui des guides vers notre citadelle.

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