
Si le 8 mais 1945 est réservé à la célébration de la victoire contre la barbarie nazie, grâce à la résistance française, et ses alliées particulièrement l’Union Soviétique qui a payé un lourd tribut (20 millions de morts), nous rappellerons aussi, à cette occasion, la barbarie coloniale française qui avec l’appui de l’ensemble des partis politiques, va continuer à perpétuer la guerre contre les peuples en commettant les horreurs dignes des nazies.
Ce n'est malheureusement pas ce que l'on a entendu ce matin à Chambéry, de la part des Lycéens qui ont anônné un texte dictée par leur professeurs, disant "que le 8 mai 1945 ouvrait une ère de paix et d'avenir dans le monde". Honte à ces professeurs et au Ministre des Armées pour son discours occultant les massacres de 1945 à1962

En mai 2025, en Europe comme en France, les partis politiques de droite comme de “gauche“ et une partie trop importante de la population semble de nouveau attirée soit par les bienfaits de la colonisation, soir par sa dimension naturelle (un peu comme la pauvreté.. dixit “qui a toujours exister“) soit en étant dans le déni totale, il est alors bon de rappeler les faits historiques, maintenant bien documentés.
Que le système coloniale français est commis un véritable génocide en tuant près de 2 millions d’algériens depuis la conquête,
Que De Gaulle, avec le soutien et les encouragements du PCF (1) et de la SFIO est massacré 45.000 algériens du 8 mai 1945 au 26 juin 1945 à Sétif, Kérala et Guelma,
Que des “Oradour-sur-Glane“ se soient comptés par dizaine dans le Constantinois,

Que par balles, par immolation de prisonniers vivants, par pendaison, par amputation des seins des femmes, par crucifiction, par fusillades de femmes et d’enfants, par bombardements venant des airs comme de la mer, le système colonial français massacra la population civile algérienne (2)
Cela ne suffisait pas.
La barbarie du système colonial français le 8 mai 1945, quelques jours seulement après le fin du fonctionnement des derniers fours crématoires du camp de Mauthausen (Autriche), et sous les ordres du ministre de l’intérieur socialiste Adrien Tixier, du chef d’Etat Major le général Juin (Vichyste, pied noir et colonialiste endurci ) du gouverneur général d’Algérie Yves Chataigneau (il sera élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1967),

du Général Duval (mandaté par De Gaulle) et sous la surveillance personnelle d’André Achiary, sous-préfet de Guelma, (ancien commissaire de police, fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1946, devint Préfet de La Manche) qui organisera l’opération, armera les milices et avec l’aide de la gendarmerie française, va pendant 10 jours consécutifs, brûlés les corps de centaines d’algériens, dans un FOUR CRÉMATOIRE pour faire disparaître toute trace des massacres.
Ils se serviront du four à chaux ( 7 m de long et 3 m de haut) se situant à d’Héliopolis, (Guelma) propriété du colon Lavie.

Saci Benhamla qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux d'Héliopolis, décrit « L'odeur à la ronde était insupportable. Odeur de chair brûlée et l'incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre » (3)
« L’école de Himmler » (4) et les pratiques de la gestapo (5) étaient toujours en place en 1945, et elles se pratiquaient sous l’uniforme de la police, de l’armée française et des colons, perpétuant en Algérie, comme au Vietnam ce que déjà Alexis Tocqueville (6) , pourtant partisan de la colonisation, écrivait un siècle avant, à savoir « nous faisons la guerre de façon beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes […] c'est à présent de leur côté que se situe la civilisation ».

Nous rappellerons que la Civilisation arabe et kabyle, sur ce territoire, existait bien avant la conquête par les français et qu’elle était florissante, avant sa destruction totale.
« On voyait des cadavres partout, dans toutes les rues… La répression était aveugle ; c’était un grand massacre. (…) Cela s’est terminé par des dizaines de milliers de victimes. A Guelma, ma mère a perdu la mémoire… La répression était atroce ….Les automitrailleuses, les automitrailleuses, les automitrailleuses, y en a qui tombent et d’autres qui courent parmi les arbres, y a pas de montagne, pas de stratégie, on aurait pu couper les fils téléphoniques, mais ils ont la radio et des armes américaines toutes neuves.
Les gendarmes ont sorti leur side-car, je ne vois plus personne autour de moi. » Cité par Boucif Mekhaled, Chroniques d’un massacre. 8 mai 1945. Sétif, Guelma, Kherrata, Syros, Paris, 1995. Kateb Yacine, Nedjma, Le Seuil, Paris, 1956.
NOTES
(1) Le PCF se réjouira publiquement de l’arrestation de Ferhat Abbas (Union Populaire Algérienne) et du docteur Saâdane, et assimilera sans cesse le parti du peuple algérien au parti populaire français (Jacques Doriot), considérera Messali Hadj (Parti du peuple Algérien) comme une « fripouille ». L’humanité du 31 mai 194. De nombreux membres de la CGT et du PCA de Guelma, participèront aux ratonnades meurtrières. (Alain Ruscio, “ les Communistes et l’Algérie“ p123-124 ). Aux élections de la constituante de 1946 le PCA perdit la moitié de ses voix.
(2) Comme à la même époque elle le fît aussi en Syrie (1000 à 2000 morts) et quelques mois plus tard en 1946 à Haïphong au Vietnam ( 6000 morts) ou à Madagascar (1947-1948 près de 100.000 morts),
(3) Boucif Mekhaled, Chronique d’un massacre : 8 mai 1945, Sétif-Guelma-Kherrata, éd. Syros, Paris, 1995, p. 187-191.
(4) François Mauriac Block-Notes 1952-1957 p153
(5) Hubert Beuve Mery Le monde du 13 mars 1957
(6) Alexis Tocqueville De la colonie en Algérie. 1847, Éditions Complexe, 1988.
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